Bonjour à tous,
les délais de pourvoi sont définitivement clos, je peux donc citer le
nom de l'entreprise contre laquelle je me suis défendue pendant
plusieurs années: une entreprise de services publics.
J'étais conseiller financier pendant 8 ans et ai été obligée de prendre
acte de la rupture de mon contrat aux torts de la direction de cette
grande entreprise en juillet 2007.
Les entorses à la légalité ont commencé fin 2003 (retrait de 400
clients sans même m'avertir et sans aucune raison car mes résultats
étaient bons), avec un "pic" en août 2005: mise à pied conservatoire
non seulement totalement infondée, donc abusive, avec une manière
employée digne d'un mauvais polar: interrogatoire de 4H30 sans
connaître ni la raison, ni la finalité pour se finir, 1 mois après à
croupir chez moi pas un: "non, en fait, on s'est trompé, vous êtes priée de reprendre votre travail", donc sans aucune sanction.
Puis: rumeurs graves et calomnieuses véhiculées par les directeurs pour
sauver la face et finalement discrimination sexiste: suppression de
jours de congés (ai eu la mauvaise idée d'être en congé maternité au
même moment...) et refus de présentation à une promotion au moment de
mon annonce de grossesse (la classe !)
Bref, je ne peux pas tout reprendre (il y en a eu d'autres), je veux
juste remercier ceux qui, par leur contribution, voire leurs messages
privés en 2005, m'ont rassurée sur le fait que ce n'était pas moi qui
débloquait mais bel et bien la direction de cette entreprise.
La Cour d'Appel de Versailles m'a donné raison, a requalifié en
licenciement nul (discrimination état de grossesse) et a condamné cette entreprise a me verser des indemnités diverses pour un montant total d'un peu plus de 70000€.
J'ai travaillé sur mon dossier et ai plaidé seule devant la Cour
d'Appel (j'avais perdu au CPH avec une avocate grassement payée: 4000€
pour un dossier absolument merdique et une plaidoirie sans queue ni
tête).
J'y ai dépensé beaucoup d'énergie, j'en sors amochée mais grandie.
Ce qui m'attriste le plus, c'est que je connais certains collègues qui
ont vécu presque le même enfer (sans discrimination) et qui ont pensé
qu'il était impossible de s'attaquer à une "machine" pareille, bref ils
ont baissé les bras, faute de moyens financiers souvent.
Je n'ai pas été bien aidée par les syndicats au moment de la mise à
pied conservatoire, en 2005 (je n'y côtisais pas non plus avant cela)
et sans être parano, j'ai bien compris qu'ils se sont assis sur mon cas
pour en marchander un autre (une personne syndiquée).
Je n'ai pas d'amertume mais plutôt de la gratitude: celle de révéler
des gens formidables: mon ancienne chef (cadre) et une collègue qui ont
eu un grand courage en témoignant de ce qu'elles avaient vu et entendu
bien que leur témoignage accablait la direction de l'entreprise dans
laquelle elles travaillent toujours.
Je souhaite bon courage à ceux qui ne se résignent pas à se faire
piétiner et qui se battent avec leurs petits moyens mais leur grandes
convictions et idées de ce que doit être l'application de droits
élémentaires comme la non-discrimination, le non-harcèlement, bref,
pour leur dignité.
Très peu de gens ont osé se soulever à l'époque pour moi, alors que
beaucoup voyaient que c'était inacceptable, ceux-là sont les "grands",
je vous encourage donc tous, au-delà de vos soucis personnels à un
geste, une parole, une aide à ceux qui ont des soucis.
Pour ma part, dans une grande fragilité psychologique et physique (et
enceinte), je ne sais pas comment tout cela aurait pu finir si ma chef
ne m'avait pas dit un jour "je vois très bien ce qu'ils essaient de
faire, tu n'es pas folle, ce sont eux qui sont dans l'illégalité, ne
baisse pas les bras".
Vous penserez: "ce n'est pas beaucoup" et pourtant, à l'époque pour
moi, c'était énorme car je n'arrivais pas à en parler chez moi, ce
n'est pas facile de comprendre le harcèlement de l'extérieur, donc, je
crois qu'en tant qu'"Humain" avant tout, et collègue, on a une
responsabilité envers ceux qui sont dans la détresse.
Pour info: je n'ai pas fait d'études de droit (mais je me suis mise au boulot pour l'occasion ),
comme quoi, le code du travail et les textes de lois sont à la portée
de tous, pour peu qu'on s'y intéresse et qu'on confronte nos idées !
Merci encore et bon courage.
(PS spécial: Janloup, vous aviez tout à fait raison de me rappeler
qu'il était bon de venir faire un point, j'attendais seulement que les
délais de pourvoi soient bien terminés)